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Giovanni Di Girolamo : « L’engagement de l’Union Européenne à Madagascar reste fort »

L’ambassadeur de l’UE a dressé un bilan du Programme indicatif national (PIN), financé par le 11ème Fonds européen de développement (FED) que Grande île continue de bénéficier. Ce diplomate en a profité pour présenter le futur cadre de coopération qui liera les deux parties.

Pouvez-vous actuellement nous livrer vos appréciations de la mise en œuvre de ce programme indicatif national sous financement du 11ème FED ?

L’ensemble des fonds alloués au PIN du 11ème FED a été engagé à la fin de l’année 2020. Ceci démontre l’importante capacité d’absorption, du moins en termes d’engagement primaire, de Madagascar. En ce qui concerne la mise en œuvre de la coopération, les projets et programmes ont globalement réussi à se maintenir à un niveau satisfaisant, et surtout à préserver la possibilité d’atteindre leurs objectifs finaux malgré la pandémie.

Les objectifs qui ont été définis ont-ils été atteints ?

Nous pouvons dire que les résultats obtenus sont probants. Nous pouvons mentionner, par exemple le programme de renforcement de l’Etat « Ny Fanjakàna Ho an’ ny Daholobe » - NFD (12 M€). Il a permis d’atteindre des résultats importants, comme la transparence accrue des dossiers de justice, grâce à la digitalisation des juridictions, la refonte du système de gestion du personnel de l’Etat, ou encore l'augmentation de la disponibilité des fonds au niveau des centres de santé.

Les projets en énergie (ligne à haute tension Tana-Toamasina, la centrale hydroélectrique de Sahofika) avec la BAD ont été approuvés et pourraient être signés en 2022 (l’UE y contribue à hauteur de 39 M€).

En termes d’infrastructures routières, le projet d’aménagement de corridors et de facilitation du commerce, cofinancé par la BAD qui se déploie sur la RN9 et la RNT12 est en cours de lancement. (L’UE y contribue à 40 M€).

Le Mécanisme intégré d’appui à la société civile DINIKA II – Fonds Commun multi-bailleurs (UE, France, Allemagne et Principauté de Monaco) FANAINGA (8 M€) est entré dans sa quatrième année de mise en œuvre cette année. Il a enregistré des résultats dans tous les volets principaux de l’intervention.

Un programme pour la lutte contre la violence basée sur le genre (VBG) de 1.5 MEUR a été adopté en début 2020 et sa convention de financement a été signée en décembre 2020.

Sur les fonds régionaux, en appui notamment à la mise en œuvre de l’APE, trois programmes au bénéfice de Madagascar sont en cours dans le secteur de l’appui au secteur privé.

Les quatre programmes du PIN 11ème FED dans le domaine « Développement Rural et Environnement » sont désormais en pleine exécution. Et ce ne sont que des exemples parmi tant d’autres.

L’UE continuera-t-elle de coopérer avec Madagascar ? Sous quelles conditions ?

L’engagement de l’UE à Madagascar reste fort. La coopération se poursuivra sous le prochain cycle de programmation 2021-2027 qui est en cours d’adoption. La mise en œuvre du programme indicatif pluriannuel  à Madagascar présentera toutefois certains défis. Un engagement fort des autorités à mener des réformes structurantes sera, entre autres, une des conditions préalables à l’atteinte des objectifs du programme indicatif pluriannuel. Afin d’être plus efficiente, complémentaire et poussant des synergies d’actions, le dialogue entre le Gouvernement et tous les partenaires au développement (PTF, secteur privé et société civile) devra être renforcé. L’UE s’y impliquera fortement en particulier aux côtés de la France et de l’Allemagne en tant que Team Europe. La société civile, le secteur privé et les autorités locales doivent être en mesure de jouer pleinement leurs rôles en tant qu’acteurs de développement.

Comment se prépare alors le nouveau PIN ? Y a-t-il de nouvelles orientations ? Quand est-ce nouveau programme sera lancé ? En attendant, que se passera-t-il durant cette période transitoire ?

Le nouveau PIN est en cours d’adoption par les Etats membres de l'UE, et devrait être adopté d’ici la fin de l’année 2021. Les priorités seront établies sur sept ans : de 2021 à 2027. Une allocation initiale à engager d’ici 2024 sera définie, tandis que l’allocation pour la période 2025-2027 sera déterminée en 2024, après une revue à mi-parcours et une évaluation de performance des projets et des politiques publiques.

Le nouveau programme indicatif pluriannuel vise généralement à contribuer à la réduction de la pauvreté, à la lutte contre toutes les  inégalités et à une croissance économique durable. Il portera sur trois domaines d’intervention : la gouvernance et le développement humain, la croissance durable et les emplois, ainsi que le pacte vert.

Les secteurs restent indicatifs et devraient couvrir la gouvernance, la santé, l’éducation, en ce qui concerne le domaine « Gouvernance et Développement humain », l’énergie durable, l’eau et assainissement, le commerce – notamment dans le cadre de la mise en œuvre de l’APE en ce qui concerne le domaine « Croissance durable et Emplois ». Il y aura également la protection de l’environnement, l’agriculture, la sylviculture, la pêche et le développement rural. En ce qui concerne le domaine « Pacte vert », plusieurs programmes du 11ème FED sont encore en cours. Aussi, la période transitoire entre les deux périodes de programmation est dédiée à la mise en œuvre des programmes en cours et à la préparation des programmes sous le nouveau cycle de coopération dès 2022.

L’Union européenne vient d’adopter une nouvelle politique dénommée « Global Gateway ». Que pouvez-vous nous dire sur ce sujet ?

Au-delà de la coopération, retenons que l’Europe affiche ses ambitions d’avoir une dimension géopolitique pour un monde plus durable plus inclusif. A ce titre, j’aimerais souligner que le 1erdécembre 2021, la Politique dénommée « Global Gateway » qui a été adoptée, et qui est la 3ème politique phare de la Commission de la Présidente Von der Leyen constituera un élément structurel des activités extérieures de l’UE à travers le monde pour les années à venir. Par conséquent, la Délégation à Madagascar via notre coopération jouera un rôle clé dans la communication avec les Autorités, le secteur privé, les médias et les parties prenantes concernées. Ceci, bien sûr en étroite coopération avec les missions des États membres.

Un axe principal de cette politique est la connectivité entre les continents. Cette connectivité concerne les liens, à la fois, entre et au sein des pays et des régions. Cela inclut aussi bien les liens physiques (infrastructures « dures », telles que les routes, les voies ferrées, les lignes électriques et les câbles numériques, etc.) que les échanges économiques ou même des compatibilité d’approche dans le commerce permettant des produits plus respectueux de la durabilité globale. Cette connectivité mondiale, compatible avec les valeurs et les intérêts de l’UE, est donc essentiel pour notre propre prospérité commune EU-Madagascar pour un partenariat gagnant-gagnant.

 

 

 

 

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